Le livre que vous allez lire sur la Confédération Démocratique du Travail (CDT) comprend trois chapitres qui sont précédés par un avant -propos et une introduction, le tout dans les 90 pages de texte qu’il compte.
Dans l’avant -propos sont présentés brièvement la raison d’être d’un syndicat de travailleurs, le champ d’action des syndicats en RDC et l’orientation générale du syndicalisme CDT. J’en ai profité pour dire, en quelques paragraphes, pourquoi cette orientation.
Dans l’introduction, je dis pourquoi j’ai écrit ce petit livre. A mon avis, la CDT n’est pas suffisamment connue. Je souhaite donc qu’elle le soit davantage et mieux. Ce syndicat est né à une époque particulière, à l’époque du syndicat unique dans le pays.
A cause de cela ce syndicat est né dans la clandestinité. Alors que les principaux syndicats de travailleurs de la RDC aujourd’hui sont le fait des anciens dirigeants du syndicat unique de l’époque du MPR, la CDT, elle, se trouve dans une situation différente. Elle est l’œuvre de quelqu’un qui a été harcelé et poussé à quitter l’UNTZA à cause de ses idées.
Du fait d’être née dans la clandestinité, en juillet 1980, la CDT était considérée, jusqu’aux premières élections syndicales pluralistes de 1993 (pour le mandat 1993-1996), dans plusieurs entreprises de Kinshasa, en ce compris les entreprises et établissements du secteur public, au-delà de son statut de syndicat de travailleurs un peu aussi comme un mouvement de libération, comme un syndicat d’émancipation des travailleurs et des exploités du pays.
C’est dire que la CDT a démarré ses activités syndicales avec un préjugé favorable dans certains milieux des travailleurs et dans certaines entreprises à Kinshasa. Cela lui a permis d’avoir des résultats positifs aux premières élections syndicales pluralistes.
Premier chapitre
Le premier chapitre est consacré à la création de cette organisation syndicale dont l’annonce a été faite le 26 Avril 1990. En réalité, il faut remonter au mois de juillet 1980 pour connaitre l’origine de la CDT. C’est au cours de ce mois-là que Simon TSHIMPANGILA N’DOMBA avec le concours de deux de ses amis : le professeur LOMBEYA BOSONGO LIKUNDELIO et Grégoire KABEYA MAJIMBU a créé La CDT sous une dénomination qui cachait le fait qu’il s’agissait d’un syndicat ; il a créé une asbl /ONG appelée Centre d’études collectives, en sigle CECO.
Le CECO a reçu mission de millier par l’organisation des séminaires, colloques et journées de réflexion et de formation sur les problématiques du monde du travail au Zaïre.
Dans le cadre de ses activités, le CECO a organisé plusieurs séminaires et journées d’études ou de réflexion portant sur la gestion des ressources humaines, la classification des emplois etc.
Toujours dans ce cadre, le CECO a organisé du 25 au 27avril 1985 le premier colloque scientifique sur le droit du travail au Zaïre.
Les intervenants et animateurs de ces trois journées de colloque étaient des professeurs de l’universités de Kinshasa (KALONGO MBIKAYI, DARANAS Styliani ,LOMBEYA BOSONGO),des fonctionnaires du Département du Travail et Prévoyance Sociale (Mme DJUMBA Moseka et le directeur KWEBATUKA BINDANDA),un haut magistrat, conseiller à la cour suprême de justice (kabunda Kabuindji),un expert en droit du travail (Luwenyema Lule) et un fonctionnaire du BIT, attaché au bureau de Zone BIT à Kinshasa (Ibrahim chaouch).
Le colloque a eu un grand écho à Kinshasa et a fait jaser les milieux de l’UNTZA syndicat unique. Mais cela n’a pas empêché Simon TSHIMPANGILA, ses amis et les animateurs des activités de terrain de CECO, de continuer normalement leur travail.
Et lorsqu’en avril 1990, le président Mobutu a mis fin à son système politique et social, le CECO a fait tomber le masque en annonçant la création de la CDT, deux jours après le discours du président Mobutu.
Immédiatement après l’annonce de la naissance de la CDT, un programme de travail a été mis sur pied pour donner corps à la nouvelle organisation :
- Détermination des objectifs
- Elaboration des statuts
- Mise en place d’une direction
- Enregistrement de la nouvelle organisation
- Installation des antennes dans les entreprise et l’administration publique
- Recrutement de personnel syndical
- Organisation des membres dans les entreprises
- Contacts divers.
Deuxième Chapitre
Est la partie qui décrit les options fondamentales ou la doctrine de base de ce syndicat, la social -démocratie et les conséquences logiques du choix fait par cette organisation :
- L’indépendance de l’organisation vis- avis de l’Etat, du patronat, des Eglises, des partis politiques, des mouvements philosophiques etc. ;
- L’ouverture aux autres syndicats et aux organisations sociales ;
- un travail syndical exercé dans un esprit de solidarité et de soutien mutuel.
Le chapitre 2 se termine par la liste des principales orientations de l’action de la CDT et par quelques-unes des réalisations de cette centrale syndicale.
Le troisième chapitre
Est un exposé sur les structures ou les organes, repris dans les statuts, qui gèrent la Confédération. Y sont aussi signalés les différents congrès qui ont été organisés par la Confédération et les équipes des dirigeants sorties de chaque congrès.
A la fin de cette présentation, je voudrais souligner quelques points importants.
1. Les options fondamentales de la CDT, les principes ou valeurs véhiculées par notre syndicat ainsi que ses méthodes d’action donnent à la CDT des traits particuliers qui constituent son identité
- L’engagement à être toujours aux côtés des travailleurs, des agents et fonctionnaires de l’Etat et des employés de quelque secteur qu’ils soient ;
- Le combat contre les antivaleurs qui gangrènent la société congolaise toute entière ;
- L’engagement à être et à demeurer un syndicat constructif, C’est-à-dire un syndicat qui reconnait, qui respecte et qui fait respecter ceux qui créent les emplois, à commencer par l’Etat et ses institutions, les entrepreneurs, les entreprises, les investisseurs etc.
- Quand on observe la pratique syndicale de la CDT, les images dominantes qui la caractérisent sont : la revendication, la dénonciation, l’exigence de respect des lois, des conventions spécialement celles de l’OIT, les négociations collectives, le dialogue avec partenaires sociaux.
- Quand on regarde nos milieux ruraux et les populations qui y vivent, on constate qu’ils sont complètement défigurés par rapport à ce qu’ils étaient en 1960 et même en 1970.
Ils auraient pu être mieux que pendant ces années-là, époques où on considérait que le Congo belge ou nouvellement indépendant avait atteint ou visait à atteindre un niveau de développement enviable. Ceci impose à nos syndicats, et en particulier à la CDT, le devoir d’être constamment attentifs à ce qui s’y passe. Ce devoir pourrait s’exercer notamment par le canal de nos services en provinces et autres localités de l’arrière- pays
2. Sous nos yeux, le pays est en train de prendre un virage dont on ne peut dire aujourd’hui où cela va conduire. Alors, pour ma part, je dis soyons vigilants, exerçons notre vigilance de toujours, si nécessaire, en recourant à nos méthodes et à nos images dominantes pour rester repérable partout où la CDT se trouve.
Nous sommes un syndicat qui prend fait et cause pour les travailleurs, les agents et fonctionnaires, les employés ainsi que pour les masses laborieuses de la RDC. Nous sommes un syndicat qui est au service de la cause de ses affiliés et membres
Nous les écoutons, nous les encadrons, nous les formons et nous les accompagnons. En d’autres termes, notre centre d’intérêt ce sont eux. Nous ne sommes pas un syndicat fermé aux autres syndicats et à des organisations de la société civile.
3. On a le sentiment, à la CDT, qu’il y a un rôle ou une fonction qui doit préoccuper mais qui ne semble pas l’être suffisamment aujourd’hui : C’est la formation. Un syndicaliste qui n’est pas formé périodiquement ne peut pas être efficace. Un syndicat qui se dit de renouveau et qui est né tel doit avoir des militants et exercer des revendications.
Pour se maintenir sur cette ligne de conduite, il faut la formation. Mais quelle formation ? pas seulement technique (sur les salaires, sur les négociations collectives, sur la sécurité sociale etc.), mais aussi et surtout la formation idéologique (analyse de la Société Congolaise, son économie, sa gestion, ses problèmes, l’engagement à servir, la solidarité, etc.). Ce sont là quelques principaux traits de l’identité de la Confédération.
Pierre Claver MANGWAYA BUKUKU
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